Un entretien de l’AMA avec le Dr Wible au TEDMED

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Christine Sinsky, M.D., de l’ American Medical Association(AMA) s’entretient avec Pamela Wible, M.D., après sa conférence TEDMED. Pour la video périscope, voir ici. Transcription complète ci-après:

Dr. Sinsky: Nous sommes à Palm Springs cette après-midi,  et je suis ravie d’être en compagnie du Dr. Pamela Wible qui a donné une conférence TED sensationnelle hier soir. Je suis le Dr. Christine Sinsky, Vice-Présidente de la satisfaction professionnelle de l’AMA. Nous sommes au TEDMED car c’est un évènement important pour la réflexion de fond et l’innovation de la pratique de la médecine. L’AMA croit vraiment dans le fait de rassembler des circonscriptions clé. Donc, Pamela votre présentation était vraiment brillante hier soir, c’était stupéfiant.

Dr. Wible: Merci beaucoup. Oui, c’était vraiment un vrai plaisir à présenter un sujet aussi stimulant.

Dr. Sinsky: Je voulais commencer par vous parler d’une chose qui était vraiment pleine de signification pour moi, que le soin au patient requiert nécessairement le soin de celui qui le procure et j’ai pu sentir votre passion hier soir concernant nos besoin d’être une communauté médicale plus solidaire, de compter les uns sur les autres et de prendre soin de ses collègues. êtes-vous d’accord pour commencer par là?

Dr. Wible: Je pense que nous avons besoin d’une culture qui soit plus collégiale comme une famille, au lieu d’une culture de compétition. Et cela commence dès la préparation, le premier jour de l’école de médecine on pourrait mettre à ce niveau une atmosphère plus familiale and où nous pourrions compter les uns sur les autres comme le feraient les membres d’une famille. Je pense que c’est comme cela que cela fonctionne dans les autres professions exposée à un haut niveau de stress comme les pompiers ou la police. Les gens se soutiennent vraiment les uns les autres.

Dr. Sinsky: Il faut se serrer les coudes, tous ensemble. Imaginez, si vous étiez Doyen d’une faculté de médecine, vous auriez la possibilité de faire changer cette culture, que feriez-vous alors ?

Dr. Wible: Le jour de la rentrée à la faculté de médecine, j’accueillerais les étudiants sur le campus et je leur souhaiter la bienvenue chez eux. “C’est ici que sera votre famille pendant les quatres prochaines années. Vous avez franchi de nombreux de obstacles pour en arriver là et nous sommes ici pour vous soutenir.” Je donnerai mon numéro de téléphone personnel au étudiants. Je voudrais avoir des discussions avec les hauts dirigeants à l’école de médecine qui partageraient leurs expériences de luttes personnelles, de désespoir ou de triompher dans des situations de responsabilité professionnelle, de décès de leurs patients, de divorce, de pensées suicidaires et tout cela afin de normaliser un dialogue sur nos besoins humains fondamentaux. Nous pourrions ainsi nous rassembler au delà des conférences “supratentorielles” et autres tests à choix multiples.

Dr. Sinsky: Vous savez, après votre intervention j’ai discuté avec un de mes collègues généraliste et je répensais à comment je me sentais à la fac de médecine et cette sorte de syndrome de l’imposteur que je crois tous les médecins ressentent –  que nous sommes isolés et seuls et que personne ne ressent cela. Dites-en moi davantage sur ce sujet et comment vous  feriez en tant que Doyen pour solutionner ce problème.

Dr. Wible: Actuellement, les étudiants se sentent extrêment isolés et cela continue toute leur carrière. nous sommes dans une culture qui promeut la négligence de soi. Et donc on s’acharne à travailler sur notre petite île et on ne demande pas d’aide bien sûr car nous sommes les aidants. Nous ne sommes pas supposé recevoir de l’aide. si nous pouvions faire cesser cela et vraiment prendre soin les uns des autres. Créer une situation dans laquelle les gens ne se sentiraient pas individuellement défectueux. Une fois que nous aurons pu communiquer combien nous avons pleuré après le décès d’un enfant et que d’autres on eu la même réaction devant cette situation, cela normalise l’expérience humaine. Et c’est dont nous avons besoin, avoir des conversations comme les gens normaux, débarassé de nos blouses blanches amidonnées.

Dr. Sinsky: c’est juste. Et l’isolement de celui qui doit toujours faire face sans montrer de faiblesse. Hier soir vos paroles provenait du coeur, et de la difficulté de surmonter les épreuves quand on ne se soutient pas les uns les autres. Le stress et le manque de soutient peut se manifester par la solution la plus radicale – le suicide. Pouvez-vous nous dire pourquoi c’est important, de ses conséquences et puis également nous parler des solutions; des choses que la communauté médicale peut mettre en place pour aider nous collègues dans la peine.

Dr. Wible: C’est important car chaque année nous perdons une promotion entière de médecins qui se suicide soit des centaines de médecins. Deux hommes que j’ai fréquenté à la fac se sont suicidés. Dans notre petite ville nous avons perdu 8 médecins qui se sont suicidés dont 3 en 18 mois. C’est donc un gigantesque problème de santé publique. plus d’un million d’américains perdent leur médecin de famille à cause du suicide chaque année et donc nous devons le considérer sérieusement. Si ce n’est pas sur le plan individuel, il le faut en terme de santé publique car nous perdons tous ces médecins alors que nous sommes déjà en manque de généralistes. N’est-ce pas ? C’est une première chose. Quelle était la seconde partie de la question ?

Dr. Sinsky: Je voudrais juste vérifier, il s’agit bien d’une promotion entière de médecin, chaque année.

Dr. Wible: Oui. Et cela sans compter les étudiants en médecine qui se suicident. Ce qui me dérange  c’est que cela passe sous silence, et pourtant nous pourrions nous en préoccuper car nous connaissons les noms de tous les médecins et étudiant de ce pays, et cela ne devrait pas être un mystère. Nous pourrions avoir un des chiffres fiables. Quelque part ceci n’est pas comptabilisé véritablement.

Dr. Sinsky:  Donc qui est en charge de cela ? Qui s’occupe de la prévention du suicide dans les facultés de médecine ? ou parmi les médecins généralistes ? et si personne ne le fait que devrions nous faire ?

Dr. Wible: certaines facultés comme à l’université de Saint Louis pratiquent un system de réussite/échec pour les examens ainsi il n’y a pas de tension concernant la validation des degrés qui crée un environnement compétitif. Si nous pouvions retirer la pression exercée sur ces personnes incroyables. Les étudiants en médecine  sont déjà dans le top 1% de la compassion, de l’intelligence et de la résilience de ce pays. Pourquoi devrions nous mettre davantage de pression sur ces personnes déjà si performantes ? Retirons toute cette pression laissons-leur profiter du bonheur d’apprendre au lieu de les soumettre sans cesse à tout ces QCMs qui n’en finissent jamais avec ce perfectionnisme médical, ce qui ne leur servira jamais dans le futur. Donc retirons la pression et créons un environnement propice au travail en réseau et aux groupes de soutien entre pairs. Les facultés devraient avoir une ligne de soutien pour le suicide que les étudiants géreraient eux-même. nous apprenons à prendre la tension les uns sur les autres. Nous utilisons le corps des uns des autres pour apprendre à faire un examen médical. Pourquoi ne laisserions nous pas les étudiants en médecine en première et seconde année apprendre à s’aider les uns les autres émotionnellement ? Les faire répondre au téléphone pour qu’au moins ils aient l’impression de faire autre chose que juste lire leur livres. Ce qui revient à s’entraider.

Dr. Sinsky:  donc vous en au fait que le suicide des médecins est un véritable problème et que pour les médecins il y a des obstacles pour accéder à des soins de santé mentale que cela commence à la fac. Obtenir des soins de santé mentale de votre supérieur ou patron une fois que vous êtes dans la pratique. Que pouvons nous faire d’autre pour diminuer les obstacles pour obtenir une aide professionelle en cas de dépression sévère, par exemple.

Dr. Wible: hé bien, une chose que j’ai découverte quand les gens m’appellent c’est que les étudiants et les médecins qui ont des dépressions sévères, de l’anxiété, des attaques de panique qui sont déclenchées par leur occupation, étaient en parfaite santé mental avant la fac de médecine. Juste écouter au téléphone permet de les aider. Je ne leur donne pas de médicament. Je ne suis pas leur médecin. Je suis juste un collègue amical au téléphone. Après cela il se sentent déjà mieux. Je continue en insistant sur le fait que ne nous sommes pas défectueux individuellement. C’est le système qui est défectueux. Si plus de 50% d’un groupe de personnes développe une condition que nous appelons “burnout” – qui est un terme culpabilisant – c’est que c’est vraiment un problème au niveau du système, pas de l’individu. Une fois qu’il se rendent compte qu’ils ne sont pas défectueux, il se sentent tellement libéré et compris. Nous ne devrions pas attendre que les gens soit si loin dans la dépression qu’il aient besoin d’aller voir un psychiatre. Dès le premier jour à la fac de médecine, comme un processus continu nous pourrions nous écouter les uns les autres et être plus humain.

Dr. Sinsky: Je voudrais être certaine que j’ai bien compris cela car je pense que c’est un point extrêment important. Nous avons besoin de réfléchir sur une responsabilité dans un environnement externe, du stress des médecins, du suicide des médecins, du burnout (si l’on utilise ce terme) davantage que dans l’environnement interne comme un defect dans la force ou l’habileté de cette personne. Est-ce que je vous ai compris?

Dr. Wible: Oui. C’est une meilleure façon de penser le problème. Ce n’est pas que l’individu est né avec une déficit de résilience. Vous êtes dans le top 1% de la résilience  si vous êtes à la fac de médecine donc honorons votre force and votre capacité d’apprendre et de prodiguer des soins autres. Et je voulais parlé d’une chose également pendant que j’y pense, concernant la création de votre clinique idéale, c’est que nous devrions enseignement le développement personnel, pas seulement les QCMs. les gens viennent avec une idée claire de leur souhait et de leur intention et de ce qu’ils voudraient recevoir pour les 300.000 dollars de frais de scolarité et la fac devrait proposer des cours de développement personnel et de proposer d’ouvrir le débat en demandant aux étudiant, “Comment pouvons nous vous aider à accomplir vos objectifs? est-ce que nous nous y prenons de la bonne manière?” il y a seulement 2 types de pratiques qui ont émergé: les pratiques conduites par la relation ou par la production. Ce que les fac de médecine semble faire actuellement est mener tout le monde dans une même chaine de production, des pratiques dirigée par la production qui ne correspondent pas le plus souvent à ce que les étudiants voulaient quand ils ont choisi de faire médecine. Donc nous devons faire machine arrière et demander aux étudiants, “Comment faisons-nous ? comment pouvons-nous faire mieux ?” et vraiment aider les gens à réaliser leur rêves, parce que c’est LA solution contre le suicide. Il n’y a pas de raison de vouloir mettre fin à vos jours quand vous poursuivez vos rêves, mais quand vous avez la sensation qu’on vous les a volé la vie perd son sens.

Dr. Sinsky: Je voudrais vous posez une dernière question. Que pensez-vous qu’une organisation comme la vôtre, l’American Academy of Family Physicians, ou l’America College of Physicians, ou l’AMA peut faire pour diminuer le stress des médecins, réduire le risque de suicide et augmente la sensation que notre pratique est une pratique idéale.

Dr. Wible: Je voudrais faire référence à la Pyramide des Besoins de Maslow. Les études médicales vous êtes propulsés à l’échelon le plus bas de l’instabilité physiologique (ne pas manger, être privé de sommeil et ce genre de choses). Ce que Maslow a fait c’est étudier des personnes très performantes qui ont actualisé leurs pratiques et c’est ce que nous devrions faire en médecine. Au lieu de toujours ressasser les aspect négatifs, nous devrions promouvoir les médecins qui ont réfléchi à cela. Mettons en avant  un éventail de médecins plus heureux aux Etats-Unis pour que nous puissions entendre ce qu’ils font et pourquoi ils sont si heureux. Docteurs veut également dire professeurs. La médecine est une profession qui se transmet. Nous apprenons en prenant modèle sur d’autres personnes. Donc commençons dès à présent à promouvoir les gens qui prennent plaisir dans leur métier, apprécié de leurs patients, qui relève le défi en médecine et  ce serait un moyen vraiment formidable pour apprendre comment faire cela correctement.

Dr. Sinsky: ce n’est pas un coup monté, Pamela. Vous ne savez peut-être pas mais une partie du travail que nous faisons à l’AMA est très précisément ceci.

Dr. Wible: Hé bien je ne le savais pas !

Dr. Sinsky: Vous ne le saviez pas ? Je suppose que nous en avons fini. nous avons mis en ligne une série de ressource pour la modification des pratiques pour favoriser ce nous appelons le soin basé sur la relation. Pour que nos médecins puisse passer la majorité de leur temps de travail, ce qui seulement les médecins peuvent faire c’est à dire prendre des décisions et construire une relation thérapeutique. Ce qui contribue à créer une environnement de travail idéal.

Dr. Wible: C’est merveilleux, vraiment formidable. J’ai hâte de voir cela.

Dr. Sinsky: Peut-être que nous appelerons pour être un de nos auteurs. Nous insistons également sur le fait que les gens font du bon boulot. Alors, Pamela je voudrais vous remercier. Vous avez vraiment inspirez vraiment beaucoup de monde à travers le pays avec le travail que vous faites et le message que vous cherchez à transmettre.

Dr. Wible: merci beaucoup! ce fut un plaisir.

Article original publié dans : http://www.idealmedicalcare.org/blog/ama-interview-with-dr-wible-at-tedmed/

Dr. Pamela Wible est médecin de famille. Son Blog personnel est disponible à l’adresse: http://www.idealmedicalcare.org/blog/.